15/12/2012
Alma brasileira
"Si l'on mesure l'impact d'une œuvre d 'art à la trace qu'elle laisse dans l'imaginaire de ceux qui la contemplent, alors « Tissages & Métissages »le spectacle donné dimanche après-midi dans la nouvelle salle des fêtes de Saessolsheim, rénovée et acoustiquement performante, fut une grande réussite. Le public d'ailleurs ne s'y est pas trompé et s'est rendu nombreux à l'invitation de la compagnie Alma Brasileira ce 3 décembre à 17h30 pour découvrir les liens tissés entre la France et le Brésil au tournant du XXè siècle.
Un voyage, une traversée en images, en sons et en musiques ont évoqué les ponts jetés par dessus l'océan entre les climats, les cultures, l'ancien et le nouveau. La voix délicate et fraîche de Caroline Magalhães mêlée aux sonorités chaudes et subtiles du violoncelle de Cécilia Bouchet-Ferrier, toutes deux soutenues par le jeu à la fois discret et pertinent, toujours précis et sensible du piano d'Anne-Catherine Kaiser ont décliné durant deux toutes petites heures leur passion pour ces musiques des deux rives. L'éclairage des images de ces peintres sonores que sont Debussy, Satie, Fauré ou Ravel par les rythmes hispaniques d'un Manuel de Falla, ou ceux plus exotiques d'un Villa-Lobos ou d'un Luciano Gallet cherchant à « comprendre et/ou assimiler le folklore de leur propre pays » a judicieusement été contrebalancé par les chansons et mélodies à danser de Chiquinha Gonzaga, compositrice unifiant la culture de la vieille Europe à celle si vivante du Brésil afin de créer du neuf et du vivant.
C'est cette nouveauté, cette emprise dans notre réalité qu'ont évoquées les deux complices qui donnent à ce qui aurait pu juste être un très beau concert sa dimension de spectacle complet. Passionnés de sons et d'images et virtuoses des technologies d'aujourd'hui, ils ont mis leurs compétences au service des musiques afin de créer les paysages évocateurs : longs plans de nuages parcourant le ciel, de bâtisses de style colonial entourées de végétation, images en mouvement d'oiseaux, de voyages, de traversées où passé et monde contemporain se rejoignent....Jean David Delépine cherche à donner un supplément de sens au « Tissage » en l'ancrant dans une réalité contemporaine, celle du visuel et de l'image numérique. L'approche sonore pleine d'humour et de poésie de Didier Beauvalet ajoute quant à elle la touche de surréalisme et de fantaisie qui donne à l'ensemble la légèreté méditative qui fait les grands moments.
Ce fut un très beau spectacle qui résonne et rayonne encore, laissant la trace d'une vraie rencontre entre les civilisations, croisant les mondes classiques et folkloriques, désuets et pourtant vivants, gais et profonds à la fois, toujours originaux. Un « Tissage » lumineux..."
Les Dernières Nouvelles d'Alsace.
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